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Depuis 2017, en partenariat avec l’OVS Nouvelle-Aquitaine, l’ADANA propose à ses adhérents de participer à des campagnes de comptage du parasite varroa afin de faire le point sur l’état sanitaire de leur cheptel. Cette campagne a lieu à deux périodes clés de l’année, en automne et en sortie d’hiver. L’observatoire varroa permet aux apiculteurs d’évaluer l’efficacité de leurs stratégies de lutte et de réagir à temps si le traitement s’est avéré inefficace. Les données récoltées alimentent également une base de données qui permet de suivre l’évolution du varroa en Nouvelle-Aquitaine au fil des années. Que retenir des résultats de l’automne 2021 ?

Près de deux fois plus de participants à l’automne 2021 que l’année précédente

 

42 apiculteurs ont participé à l’observatoire varroa cet automne. Ce chiffre a presque doublé depuis l’an passé où l’on comptait 24 participants. L’observatoire automnal prend de l’ampleur ; en 2021, 845 échantillons ont été traités contre seulement 504 à l’automne 2020. En 2021, les apiculteurs du pôle Aquitaine étaient nombreux (31) à participer aux comptages varroa. Dans les pôles Poitou-Charentes (7) et Limousin (5), ils étaient plus réticents à l’idée de prélever des abeilles dans leurs colonies, déjà fortement affaiblies par la saison apicole difficile.

Évolution de la charge parasitaire en automne au fil des années

La charge parasitaire médiane de l’observatoire varroa à l’automne 2021 n’est pas aussi réjouissante que son taux de participation ; alors que le VP/100ab (nombre de varroa phorétique pour 100 abeilles) s’était stabilisé entre l’année 2019 (m=0.4) et 2020 (m=0.4), le VP/100ab a fortement augmenté en 2021 (m=0.9). En excluant les colonies qui n’avaient pas encore reçu de traitement lors de la campagne de comptage d’automne 2021, la charge parasitaire médiane est de 0.7 VP/100ab, ce qui est plus élevée que les deux années précédentes (m=0.4). Pour mieux comprendre cette augmentation, l’analyse des VP/100ab par type de conduite a été effectuée. Les résultats mettent en évidence que les pratiques de lutte conventionnelle (m=2.3) ont occasionné des taux parasitaires beaucoup plus élevés que les années 2019 (m=0.4) et 2020 (m=0.5). Pour les colonies traitées en conduite biologique les médianes des VP/100ab restent plus ou moins constantes au cours des trois dernières années ; des taux de varroa de 0.5, 0.3 et 0.4 ont été mesurés, respectivement, à l’automne 2019, 2020 et 2021. Les résultats de l’automne 2021 indiquent également que les apiculteurs qui n’avaient pas encore traités leurs colonies lors de la campagne de comptage d’automne (octobre) atteignent des charges parasitaires très élevées (m = 11.5 VP/100ab).

L’objectif automnale que doivent se fixer les apiculteurs pour assurer que leurs colonies élèvent des abeilles d’hiver saines est de 1VP/100ab. En 2019 et 2020, les pourcentages d’échantillons atteignant cet objectif en conduite biologique et conventionnelle étaient semblables. En 2021, de nouvelles tendances sont observées ; seules 34% des échantillons d’abeilles (n=227) traitées en conduite conventionnelle atteignent l’objectif contre 66% pour les colonies (n=526) traitées en biologique.

m=médiane, n= nombre d’échantillons
*Les colonies qui n’avaient pas encore reçu de traitement varroa à la campagne d’automne (octobre) sont généralement des ruches qui sont sur une miellée tardive

Résultats des différentes stratégies de lutte à l’automne 2021

Afin de mieux comprendre les résultats décrits précédemment, le VP/100ab par type de traitement a été analysé et illustré ci-dessous.

Figure 1 : Charge varroa par type et stade de traitement. Médiane (m), nombre d’échantillons (n). Acide oxalique par dégouttement + retrait de couvain (Aod), Lanière d’acide oxalique (LAO), Lanières au thymol (Thymol).

L’illustration met en avant les VP/100ab pour les différents traitements ; il en ressort, par exemple, que les traitements Thymol (n=20) et Apistan® (n=31) n’ont pas été efficaces contre le varroa (m>6VP/100ab). Cependant, la taille des échantillons analysés est insuffisante pour généraliser que ces moyens de lutte sont inefficaces.

Parallèlement à l’analyse des VP/100ab par type de traitement, il semble également judicieux de distinguer les traitements achevés de ceux qui sont encore en cours. En effet, la durée des traitements varie considérablement ; parmi les traitements les plus utilisés par les apiculteurs, le traitement Apivar® dure 10 semaines alors que le traitement LAO n’en prend que 6. Puisque des traitements inachevés peuvent avoir un impact négatif sur la médiane VP/100ab, il a été décidé de distinguer les traitements « fini » de ceux « en cours ».

 

Cette distinction a permis de mettre en lumière qu’en 2021 une très grande majorité (85%) des colonies traitées avec les lanières d’Apivar® ne sont pas parvenus à finir leurs traitements avant les comptages d’automne (octobre). Ceci n’est pas le cas pour les apiculteurs qui utilisent les lanières d’AO ; seul 24% des échantillons n’atteignent pas la fin du traitement.

Il est également notable que les échantillons en cours de traitement Apivar® (m=2.3, n=142) ont une charge parasitaire médiane plus élevée que les échantillons pour lesquels le traitement Apivar® était fini (m=1.1, n=24). Toutefois, le nombre d’échantillons pour les traitement Apivar® « fini » (n=24) est faible et nous empêche donc de tirer des conclusions sur ces résultats. En ce qui concerne les LAO, la différence des VP/100ab pour les traitements « fini » (m=0.4, n=330) et « en cours » (m=0, n=106) est mineure.

Conclusion

Le VP/100ab à l’automne 2021 a augmenté par rapport aux deux automnes précédents. Dans un premier temps, les témoignages d’arrêts de ponte précoces qui laissent présumer que les varroas se trouvaient tous en phase de phorésie lors des comptages, semblaient une bonne explication pour la hausse des VP/100ab. Mais en approfondissant l’analyse, il s’est avéré que cette augmentation de VP/100ab n’était pas systématique ; seules les colonies traitées en conduite conventionnelle avaient des charges parasitaires plus élevées que les années précédentes. Les résultats médiocres pour la conduite conventionnelle peuvent être, en partie, expliqué par le fait qu’une majeure partie des échantillons analysés (85%) proviennent de colonies pour lesquelles les traitements étaient inachevés, l’efficacité des médicaments n’ayant donc potentiellement pas été atteinte. Cette explication n’est pas tout à fait rassurante puisque seul 34% des échantillons traités en conduite conventionnelle atteigent l’objectif automnal de 1 VP/100ab contre 63% et 66%, respectivement, en 2019 et 2020. Il est donc impératif de se questionner si les conditions sanitaires dans lesquelles les abeilles d’hiver sont élevées sont suffisantes et d’évaluer l’impact d’un objectif automnal non-atteint sur les colonies en sortie d’hiver.

Travaux à poursuivre

Au vu de ces résultats, il nous semble intéressant d’investiguer la relation qu’il existe entre les VP/100ab en octobre, que les traitements soient achevés ou non, et les mortalités hivernales. Pour ce faire, l’ADANA sollicite tous les participants de l’observatoire varroa à noter précisément, parmi les colonies analysées à l’automne 2021, celles qui se sont effondrées lors de l’hiver 2021-2022. Afin de gagner de la visibilité sur les potentielles résistances qui sont en train de se développer au sein des populations de varroa sur le territoire de Nouvelle Aquitaine, l’ADANA encourage vivement les apiculteurs à participer à nos campagnes de comptage.

Vous avez une question ?

Claire MORELLE – claire.morelle@adana-asso.fr

06 64 96 99 32

Lucille JOHANET – lucille.johanet@adana-asso.fr
06 87 51 22 18

***Attention***

Les pratiques de lutte contre varroa doivent être encadrées par un médecin vétérinaire. Ces données chiffrées sont données à titre informatif dans l’objectif d’améliorer les pratiques de traitement et de protéger les apiculteurs.