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Depuis plusieurs années, dans le cadre de l’observatoire varroa, l’ADANA propose à ses adhérents de faire le point sur l’état sanitaire de leurs cheptels par la méthode de comptage des varroas phorétiques. Cet accompagnement individuel est proposé à deux périodes clés de la saison apicole :  le printemps et l’automne. L’objectif de la campagne de printemps est avant tout de vérifier la charge parasitaire avant le début de la saison et ainsi de valider la qualité sanitaire des colonies. Elle permet aux apiculteurs de valider la stratégie de traitement réalisée en amont. Cela doit permettre de trancher si oui ou non les colonies ont besoin d’un traitement de rattrapage. 

Selon les dernières études, l’objectif que doivent se fixer les apiculteurs est de débuter la saison avec 0 VP/100ab (ce qui ne signifie pas 0 varroa dans la colonie) pour être serein vis à vis de varroa pour le reste de la saison. Pour connaître la méthode d’évaluation de varroas phorétiques, cliquez ici.

Ce printemps, 67 apiculteur.trices se sont impliqué.es dans l’observatoire, avec un total de 1524 colonies échantillonnées, soit une participation record ! L’analyse des historiques de traitements mise en corrélation de la charge parasitaire permet d’identifier les pratiques qui fonctionnent mais aussi de mettre en lumière les échecs de traitement qui doivent alerter la pharmacovigilance.

1. Répartition de la charge parasitaire dans les départements de Nouvelle-Aquitaine

La participation des apiculteurs dans les 12 départements de Nouvelle-Aquitaine est hétérogène (Figure 1). Sur les 1485 échantillons sélectionnés pour l’analyse, 1130 échantillons, soit 86 % des colonies, atteignent l’objectif des 0 VP/100ab. La moyenne régionale de la charge parasitaire est moins élevée cette année avec 0,20 VP/100ab contre 0,51 en 2021 et 0,31 en 2022.

Figure 1: n représente le nombre de colonies échantillonnées ; la croix rouge représente la moyenne, la médiane est représentée par la ligne épaisse horizontale. Ici, toutes les médianes sont égales à 0.

Sur le graphique, toutes les médianes sont égales à 0, c’est-à-dire que la moitié des colonies atteignent l’objectif de 0 VP/100ab dans chaque département. Les Pyrénées-Atlantiques, la Corrèze, les Deux-Sèvres et la Vienne présentent une boite à moustache au-dessus de la ligne médiane. Cela signifie que 50 % des colonies ont une charge parasitaire supérieure à 0. Les maximums restent cependant inférieurs à 1 VP/100ab, les ruchers sont donc dans des conditions sanitaires quasi optimales pour débuter la saison. Tous les points noirs représentent les valeurs extrêmes, soit les colonies avec une charge parasitaire plus élevée qui pourront poser problème pendant la saison en ré-infestant le rucher. 

En comparant les ex-régions, les moyennes de VP/100ab ne sont pas significativement différentes (mAquitaine=0,20 ; mLimousin=0,18 ; mPoitou-Charentes=0,22 ; P=0,12).

2. Stratégies de traitements mises en œuvre pour atteindre l’objectif de 0 VP/100ab en sortie d’hiver

Ce printemps, 45,3 % des colonies échantillonnées sont conduites en biologique et 54,7 % en conventionnel contre 36 % et 64 % en 2022. Parmi ces colonies, 34,2 % de celles conduites en biologique et 41,8 % en conventionnel atteignent l’objectif des 0 VP/100ab (Figure 2).

Figure 2 : MP = Méthode populationnelle (encagement ou destruction de couvain) ; FS : Fin de Saison ; H : Hiver ; LAO : Lanière d’Acide Oxalique ; n : nombre de colonies

Pour les colonies conduites en apiculture biologique, les charges varroa médianes sont à 0 VP/100ab, bien que les traitements de fin de saison à base d’Apilifevar® et FormicPro® présentent la moitié des colonies avec une charge varroa supérieures à 0, supposant alors une moins bonne efficacité.

En conventionnel, le traitement Apivar® présente une charge varroa médiane de 0 VP/100ab avec ou sans traitement hivernal. Cependant, le boxplot Apivar® (FS) indique que 50 % des colonies portent une charge parasitaire supérieure à 0 VP/100ab, ce qui n’est pas le cas pour le traitement combiné Apivar® (FS) + AO (H). Un bénéfice est donc observé lorsque le traitement Apivar® est couplé à un traitement hivernal à l’acide oxalique. Les lanières Apivar® sont souvent laissées tout l’hiver dans les colonies au lieu de 12 semaines. Il est préférable de les retirer afin d’appliquer un traitement hivernal et de limiter les risques de développement de résistances aux varroas.

De la même façon, plus de 50 % des colonies portent une charge parasitaire supérieure à 0 VP/100ab avec le traitement Apistan® (FS) appliqué sans traitement hivernal.

Les résultats concernant les LAO (FS), FormicPro® (FS)+ AO (H), les lanières d’Amitraze (FS) + AO (H) et l’Apistan® (FS) sont à interpréter prudemment, les effectifs étant insuffisants pour en tirer des conclusions.

3. Mortalités hivernales et stratégies de traitement

Le pourcentage de pertes hivernales moyen sur l’ensemble des ruchers échantillonnés dans le cadre de l’observatoire est de 15,7 % pour l’hiver 2022-2023 avec une perte de 12,6 % dans le cadre d’une conduite en apiculture conventionnelle et de 20 % pour une conduite biologique (Figure 3). Ces pertes semblent en baisse par rapport aux données collectées en 2022 et 2021 (respectivement 22,3 % et 17,2 %). Les pertes hivernales en Nouvelle-Aquitaine sont également plus faibles que les pertes nationales qui ont été estimées à 26,7 %.

Figure 3 :  FS : Fin Saison ; H : Hiver ; m représente la médiane ; n : nombre de ruchers. Les boxplots qui partagent la même lettre ne sont pas significativement différents entre eux.

Les ruchers ne recevant pas de traitement hivernal pour un même médicament utilisé en fin de saison présentent plus de pertes. En effet, la mortalité hivernale est significativement plus importante avec le traitement Apivar® (FS) que lors de l’application d’un traitement hivernal (mApivar (FS) = 15 % ; mApivar (FS)+ AO (H) = 11 % ; P=0,015). De même, la perte hivernale est plus élevée lorsque que des lanières d’acide oxalique ont été appliquées en fin de saison sans traitement hivernal (mLAO (FS) = 30 % ; mLAO (FS) + AO (H) = 10 % ; P<0,001).

En conduite biologique, les traitement AO+MP (FS) + AO (H) et LAO (FS) + AO (H) présentent les pertes hivernales les plus basses et leurs moyennes sont significativement différentes de celles des autres traitements (P<0,01).

Les pertes hivernales sont élevées pour les ruchers traités avec du Varromed® en fin de saison (50 %). Ce traitement ne touchant que les varroas phorétiques, il nécessite entre 3 et 5 passages pour couvrir à minima un cycle du varroa ce qui n’a pas toujours était respecté dans le cadre de cet échantillonnage. 

FormicPro® et Apilifevar® présentent une moitié des colonies avec une charge parasitaire supérieure à 0 VP/100ab et présentent également une importante perte hivernale (35 %).  Un manque d’efficacité a déjà été relevé pour Apilifevar® dans de précédentes études du réseau ADAs tandis que FormicPro® semble avoir un taux de mortalité plus élevé pour les reines, comme une étude en cours au sein de l’ADANA peut en témoigner. 

Uniquement deux ruchers n’ont pas eu de traitement, ni automnal ni hivernal, mais ils présentent une perte hivernale de près de 80 %.

La période de traitement est également importante. Les moyennes de pertes hivernales ne sont pas significativement différentes entre les traitements mis en place avant ou après le 15 septembre mais on observe une tendance. En effet, les traitements effectués après mi-septembre présentent en moyenne plus de perte (23 %) que ceux réalisés plus tôt (16 %) (Figure 4).

G4_perte hiv et periode trait

Figure 4 : Un traitement précoce est à privilégier. n représente le nombre de ruchers échantillonnés. La croix rouge représente la moyenne. ns signifie que les deux moyennes ne sont pas significativement différentes.

4. Résumé des stratégies de lutte des quatre dernières années

Les colonies échantillonnées durant les campagnes de printemps 2020, 2021, 2022 et 2023 dans le cadre de l’observatoire varroa Nouvelle-Aquitaine ont reçu des traitements hivernaux dans respectivement 78 %, 63 %, 87 % et 88 % des cas.

 

En moyenne, sur ces quatre dernières années, 78 % des colonies qui ont reçu un traitement hivernal atteignent l’objectif de 0 VP/100ab contre 65 % des colonies qui n’ont pas eu de traitement hivernal (Tableau 1).  

Tableau 1 : Pourcentage d’échantillons ayant reçu un traitement hivernal ou non et atteint l’objectif de 0 VP/100ab par année

Apivar®, Apitraze et LAO sont des traitements longue durée en présence de couvain avec une mortalité lente du varroa dans les colonies. Les varroas présents dans le couvain sont protégés de l’acaricide et peuvent continuer de se reproduire. Ces traitements doivent être couplés à un traitement hivernal, ce qui est vrai dans 90 % des cas en 2023, permettant ainsi à près de 80 % des colonies d’atteindre les objectifs de 0 VP/100ab (Tableau 2).

Tableau 2 : Pourcentage d’échantillons ayant reçu un traitement hivernal ou non et atteint l’objectif de 0 VP/100ab pour 3 types de traitement en 2023

conclusion

Le nombre de colonies recevant un traitement hivernal en plus de celui automnal est en constante augmentation depuis 4 ans. Le pourcentage de colonies atteignant les objectifs de 0 VP/100ab en sortie d’hiver restent cependant stable, possiblement due à la résistance des varroas à certaines molécules mais pas seulement. En effet, il peut y avoir plusieurs raisons à la présence de varroas en sortie d’hiver. Une colonie trop infestée, malgré un traitement efficace, gardera des varroas résiduels qui pourront ré-infester les colonies, les traitements peuvent être mal appliqués (sous dosage, trop tardif, températures extérieures inadéquates) ou encore, un hiver doux sans arrêt de ponte franc peut diminuer l’efficacité du traitement hivernal.

Ainsi, il est d’autant plus important de respecter les caractéristiques du produit choisi, de réaliser les traitements de fin de saison le plus tôt possible et connaître l’infestation de la population avant et après traitement afin de suivre la réussite de vos interventions.

 

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Elodie Darnet

elodie.darnet@adana-asso.fr

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